Portrait – Maillo
Si vous suivez les aventures d’Hôtel Bohême vous la connaissez déjà un peu, soit parce que vous avez découvert son travail chez nous, soit parce que vous êtes venus apprécier sa scénographie en mai 2014. Mais si, le bouquet de ballons en dentelle suspendu dans la cage d’escalier de notre ancien hôtel particulier ?!…Vous vous souvenez maintenant ?… J
Aujourd’hui c’est nous qui nous déplaçons à Clisson, petit village de 6 500 habitants, situé à 30 min de Nantes, pour vous faire découvrir l’univers et le quotidien de Véronique Damart : Madame MaillO.
Pour commencer, en arrivant à Clisson nous avons pu vérifier que ce dont nous vous parlions ici était bien réel : Clisson est bien un petit coin de carte postale. Tout y est : le château, la rivière, le petit pont de pierre que passent les enfants pour aller à l’école, le marché du vendredi sous les Halles du village où certains se retrouvent ensuite pour boire un verre, bref,…avec en plus le soleil d’été, c’était parfait. Tellement, qu’on regrettait presque de ne pas rester plus longtemps !
Crédit photo : Maillo
Crédit photo : Maillo
Au milieu de ce village se trouve la maison de MaillO, une maison des années 30 où elle a également installé son atelier. Elle y est arrivée avec celui qui partage sa vie, pour y installer sa petite famille, il y a 12 ans. Et à l’époque il s’agissait plutôt d’acheter des murs et un toit que le petit havre de paix auquel il tend à ressembler aujourd’hui, et auquel il ressemblera définitivement quand les travaux seront finis.
L’atelier de MaillO situé dans le jardin de la maison.
Dans la maison de MaillO…
Véronique bonjour, et merci de nous ouvrir les portes de ta maison et de ton atelier. Peux-tu nous dire quand, comment et pourquoi s’est fait le passage de Paris à Clisson ?
MaillO : En 2003 à Paris, jeune diplômée, je cherchais du travail… Un cabinet de recrutement parisien m’a contactée au même moment ou je répondais à une petite annonce d’un journal local Choletais! Coïncidence, c’était pour le même job : graphiste textile pour la licence enfant Kenzo, Chez CWF aux Herbiers. J’ai fait des allers/retour pendant 6 mois puis nous avons décidé de quitter Paris. Nous étions originaires tous les deux de la région. Nous souhaitions des enfants mais pas à Paris. Clisson était idéalement situé et charmant.
Pourquoi un jour es-tu passée de designer textile et tricoteuse pour de grandes marques comme Kenzo, Missoni, Chloé, ou Isabel Marant à MaillO ?
MaillO : C’est l’envie d’indépendance professionnelle, suite à mon 3ème enfant qui m’a poussé à créer MaillO, il y a 4 ans. Je souhaitais concilier ma vie de maman avec mon métier de designer textile. J’ai en effet eu la chance de travailler pour des belles marques et d’apprendre un métier passionnant. J’ai aussi rencontré des chouettes personnes qui font toujours parti de mes amis.
MaillO n’est pas ta seule activité, tu as aussi 3 enfants !! 😉 Comment fais-tu pour tout gérer ?
MaillO : ….Soit 70 chaussettes à laver par semaine….!! A vrai dire je me sens tout le temps débordée mais je gère au mieux ! J’apprends à être moins exigeante, à aller à l’essentiel et à m’adapter. L’équilibre est difficile à trouver mais je ne regrette vraiment pas le choix de l’indépendance. Je travaille beaucoup mais je choisis mes horaires. Je travaille seule dans un atelier attenant à ma maison. Cette solitude me plait, je choisis quand j’ai envie de voir des gens. Je ne perds plus de temps et d’énergie dans les transports. Mes journées sont rythmées sur les horaires des enfants, je me remets très souvent au travail après l’histoire du soir (vous devriez voir l’heure à laquelle je vous écris ;-))
Peux-tu nous parler de ta façon de travailler?
MaillO : Je chine les napperons, je trie par type de pièce: taille, forme, finesse du point.
Je prépare les supports qui me servent de «moules» (bols plastiques ou ballons), je sélectionne les napperons que je vais mettre en forme. Les plus jolis, les plus fins, ajourés mais pas trop. J’empèse (je baigne les napperons dans du durcisseur), je les pose ou assemble sur les supports puis je laisse sécher. Je les brosse pour retirer les surplus de colle.
Je sélectionne mes couleurs (peinture) en fonction de mes commandes ou de mes envies.
Tiens !… Dans l’atelier de MaillO un petit souvenir de sa participation en tant que scénographe d’HB en mai 2014.
Re-séchage et enfin prise de vue, mise en ligne, et au fur à mesure des ventes, emballage, expédition…
Toutes ces étapes sont réalisées dans l’atelier sauf les photos que je fais dans ma maison. Je travaille seule à part pour la recherche des dentelles où j’ai de l’aide (Merci à tous et toutes de continuer à me proposer vos trésors de grand-mère !) Toutes ces étapes sont faites de manière très artisanale. J’ai parfois des «ratés», d’où une production réduite et des délais importants. J’ai essayé d’avoir d’avantage d’aide… mais ce qui me plait c’est de faire, donc j’ai choisi d’en faire moins et de continuer seule.
Est-ce qu’il y a une question qu’on te pose souvent et à laquelle tu souhaiterais répondre ici ?
MaillO : La question qu’on me pose le plus est comment je fais, ma recette ? Pour mes premiers essais, J’ai d’abord fait comme faisait ma grand-mère qui empesait au sucre… J’ai ensuite testé toutes sortes de colles. Certaines sont plus faciles à travailler, tout dépend des formes à réaliser et du type de dentelle à mettre en forme.
D’après toi c’est quoi les avantages d’être son propre chef ?
MaillO : Une certaine liberté, celle de faire ses propres choix. Et surtout la gestion de mon temps ce qui est un luxe quand on est parent.
Et les inconvénients ?
MaillO : Cette liberté demande beaucoup de travail sans savoir de quoi sera fait demain…
Tu nous racontes une journée type de travail chez MaillO ?
MaillO : Je me lève à 6h45. Je petit-déjeune seule puis je réveille les enfants. Nous allons à l’école à pieds et la plupart du temps en famille !
Je suis à l’atelier à 9h. Je jette un œil à mes mails. Ensuite je peux réaliser vos commandes, réfléchir aux nouveaux projets, chercher des napperons, faire des photos, gérer la boutique en ligne, faire des livraisons et des jolies rencontres… Le déjeuner peut être un prétexte à voir les copines. Je quitte l’atelier vers 16h30 pour les devoirs et les activités des enfants puis les rituels des soirées : dîner, bain, histoire, jusqu’au coucher des enfants. Je me remets au boulot vers 21h. J’essaie de ne pas me coucher après minuit (pour ne pas me transformer en citrouille!)
Et une journée sans travail ?
MaillO : C’est une journée avec les enfants: Monna et Marius 10 ans et Pablo 5 ans
Crédit photo : Maillo
Quand Véro n’est pas MaillO elle fait quoi ?
MaillO : Euuuh ? je travaille beaucoup! Ou je dirais plutôt que beaucoup de mes activités sont en liaison avec mon travail. Le pro/perso sont intimement liés, sinon c’est les enfants et les copains d’abord !
Un lieu où tu rêverais d’aller ?
MaillO : La liste est longue mais en premier : refaire un séjour en Inde mais avec mes enfants.
Un truc que tu n’as pas encore fait et que tu aimerais réaliser ?
MaillO : Un projet éditorial j’aimerais beaucoup ! J’ai été démarchée pour ce genre de projet. Il suscite évidemment des questions… mais il répondrait à celle qu’on me demande souvent: “comment je fais?” ce serait un moyen de partager avec celles qui aiment et veulent faire! Le souci premier est que ce projet me demanderait aussi beaucoup de temps.
Comment vois-tu l’avenir de MaillO ?
MaillO : Je ne me projette pas beaucoup. Depuis la rentrée je travaille à temps plein pour MaillO, c’est un gros changement.
Et si c’était à refaire est-ce que tu changerais quelque chose ?
MaillO : Non, je ne pense pas.
Tu viens à Hôtel Bohême depuis mai 2013. C’était ta première expo parisienne. Est-ce que ta participation à notre évènement a changé quelque chose dans l’évolution de ta marque ? Qu’est-ce que ça t’as apporté (vente en boutique, collab pro, visibilité, nouveaux clients parisiens, etc…) et qu’est-ce qui en ressort pour toi ?
MaillO : Oui venir à Paris a évidemment élargi l’horizon de MaillO. La rencontre avec les clients est toujours très agréable (même si je suis plutôt timide ou solitaire.) J’aime découvrir les créateurs et le nouveau lieu va être parfait pour ça! Hôtel Bohême est devenue un rituel parisien que j’aime partager.
En octobre tu feras la scéno d’Hôtel Bohême pour la deuxième fois. Hâte d’investir ce nouveau lieu ? 😉 Tu nous en parles ?
MaillO : Oui j’ai hâte, ce nouveau lieu est très inspirant et le travail de scénographie me plaît vraiment. Je ne suis pas scénographe mais je trouve très plaisant de transposer mon univers et d’habiller un espace.
La première scéno dans l’autre lieu était «jour de fête». C’était une histoire printanière. Pour cette édition du mois d’octobre, je me suis imaginée Paris sous la pluie avec comme titre «Il pleut des cordes.» Je souhaite composer avec des suspensions macramés, des lignes verticales, des rubans et dentelles anciennes…
Le Mot de la fin ou quelque chose que tu aimerais nous dire pour conclure.
MaillO : J’ai le trac!
Pour suivre MaillO
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Prochaines participations à Hôtel Bohême :
10/11 octobre > scénographie « Il pleut des cordes »
12/13 décembre en tant que créatrice.
PHOTOS : Juliette Beaupin
TEXTE : Mélanie Brument
Rendez-vous le 17 octobre pour le prochain portrait de créateur !