PORTRAIT – SOHEM
Aujourd’hui nous retournons à Nantes, (ça faisait longtemps ! ;)) à la découverte de l’univers de Sophie qui depuis 2009 crée de la maroquinerie sous le nom de Sohem. Dans son atelier, Sophie confectionne des sacs et autres accessoires en cuir, aux lignes sobres et à l’esthétique urbaine, avec parfois une petite touche de féminité. Ainsi, on retrouvera des modèles type cabas de pêche, ou encore cartable, avec parfois un cuir pailleté pour la touche féminine.
Sophie répond à nos questions depuis sa maison située dans le centre de Nantes, à deux pas du parc du Plessis Tison.
Sophie bonjour et merci de consacrer un peu de ton temps pour répondre à nos questions. Comme pour cette interview nous ne sommes pas physiquement là, avec toi, peux-tu nous dire, nous décrire, l’ambiance dans laquelle tu te trouves pour nous répondre ? Histoire qu’on se mette tout de suite dans l’ambiance 😉
Sophie : Je suis chez moi, à mon bureau, avec le soleil qui me chauffe le dos (car aujourd’hui, il y a du soleil !) et vue sur mon jardin…
Alors, pour commencer les questions, peux-tu nous dire d’où vient ton nom de marque SOHEM stp ? Un lien avec ton prénom peut-être ? 😉
Sophie : Tout à fait ! En fait, c’est la contraction de mes trois prénoms. Vous avez le premier : Sophie, je vous laisse deviner les deux autres… Et j’ai appris, très récemment, que SOHEM est également l’abréviation de Southern Hemisphere et je trouve ça terriblement exotique ! 😉
Peux-tu nous décrire l’univers dans lequel tu travailles stp ?
Sophie : Mon atelier se trouve au fond de mon jardin. Ainsi, j’ai mon espace de travail indépendant et en même temps je peux gérer ma vie de famille plus facilement. C’est un espace relativement petit, dans lequel il faut caser une table de coupe, une machine à coudre sur table, pas mal de petit matériel et d’outillage et bien sûr les cuirs…
Avec le temps les chutes de cuirs deviennent de plus en plus envahissantes. Je n’arrive pas à m’en défaire, me disant que je pourrai les utiliser un jour.
J’ai quelques petits grigris porte bonheur, mais peu de décoration, c’est avant tout un atelier de travail.
En quoi ton parcours d’ingénieur dans l’aéronautique te sert aujourd’hui dans la réalisation de ta maroquinerie ? Et peux-tu nous raconter pourquoi et comment s’est fait le passage de l’un à l’autre.
Sophie : Je pense que mon bagage scientifique me donne de la rigueur et de la précision dans mon travail. Mais ce sont peut-être plus des traits de caractères que des acquis de par ma formation. Sinon, de mes connaissances en Aéroacoustique*, il ne me reste pas grand-chose et elles ne me servent pas vraiment pour concevoir un sac. En fait, j’ai toujours été très manuelle. Après le BAC, j’avais hésité entre une formation artistique ou scientifique. J’ai choisi les sciences, mais l’artistique m’a rattrapé. Après avoir quitté Fontainebleau pour venir à Nantes j’ai connu une période d’inactivité, il était plus que temps que je me remette en activité et le choix de la création est venu assez naturellement. Je faisais beaucoup de couture pour moi, et un jour j’ai essayé le travail du cuir et je ne l’ai pas lâché. J’ai rencontré quelques personnes qui m’ont conseillé et donner des astuces et méthodes de travail, mais pour l’essentiel je suis autodidacte.
*L’aéroacoustique étudie la génération d’un bruit par un écoulement d’air qui interagit ou pas avec une surface (profil d’aile, pales de rotor d’un hélicoptère…). C’est l’étude des bruits d’origine aérodynamique.
Les lignes que tu développes, pour femme essentiellement, ont parfois une sobriété auxquelles il en faudrait peu pour les faire évoluer et qu’elles puissent toucher un public masculin. Tu n’as jamais pensé à cibler ces messieurs ?
Sophie : On me l’a déjà demandé mais je ne suis pas très inspirée… Quand je conçois un sac je pense à un besoin que j’ai personnellement et à ce que j’aimerai porter, du coup il y a, la plupart du temps, une touche féminine dans mes créations même si elles ne sont pas non plus hyper girly !
Est-ce que Sohem est ton activité principale ?
Sophie : Oui, c’est mon activité principale, et elle me prend de plus en plus de temps. Je commence à me dégager un petit salaire, mais pas de quoi en vivre pour l’instant… Mais je ne désespère pas ! Heureusement, j’ai un mari très compréhensif qui me permet de m’accomplir dans cette activité.
Quels sont les cuirs que tu travailles et d’où viennent-ils ?
Sophie : Je travaille un peu tous les cuirs, mais j’ai une préférence pour les cuirs souples. Ce sont des cuirs de vachette ou de veau pour les sacs, et des cuirs de chèvre, d’agneau, ou de porc pour les doublures ou les petits accessoires. Ce sont des cuirs italiens ou espagnols pour la plupart, certains sont français. Je me fournis chez des revendeurs, dans la région de Cholet, qui récupèrent les surplus de l’industrie du cuir, les stocks non utilisés par les fabricants de maroquinerie ou de chaussures.
Peux-tu nous expliquer les différentes étapes de travail, de l’idée que tu as pour un sac jusqu’à sa commercialisation ?
Sophie : Quand je conçois un sac c’est souvent pour répondre à un besoin ou une envie de porter quelque chose.
Je commence par faire un petit croquis, pour visualiser les proportions et les différentes pièces qui vont former le sac.
Ensuite, je dessine le patron de chacune de ces pièces. Puis je passe à l’étape de la coupe.
Une fois tous mes morceaux de cuir coupés, je peux faire l’assemblage et donc l’étape de couture.
Je coupe, je tape, je colle, je couds, je mets en forme…
Et j’obtiens mon prototype ! C’est rare, que je sois tout à fait satisfaite du modèle dès le premier jet, j’apporte souvent des modifications et le deuxième, voir troisième sera le bon !
Est-ce que tu as des petites manies, des petits rituels de travail ?
Sophie : Je ne crois pas… juste, que j’allume toujours la radio quand j’arrive à l’atelier.
Selon toi, quel est le principal avantage d’être son propre chef ?
Sophie : On gère son temps de travail !!!! Pas d’horaire de bureau… Mais avec le risque que ça déborde sur le soir ou le week-end.
Et le principal inconvénient ?
Sophie : De rester motivé et productif dans des moments de creux, sans que personne vous oblige à aller bosser.
Comment envisages-tu l’évolution de ta marque ?
Sophie : Je suis en pleine interrogation. Mon activité évolue dans le bon sens depuis le début où j’ai commencé et j’hésite maintenant à passer un cap pour continuer à progresser. Avec un local plus grand, pour avoir plus de matériel et plus d’espace de stockage. Pourquoi pas m’associer avec quelqu’un qui prendrait plus en charge la partie communication (car j’avoue, je suis très mauvaise sur cette partie…). Affaire à suivre !
Tu viens à Hôtel Bohême depuis octobre 2013 en exclusivité parisienne. Pourquoi avoir choisi Hôtel Bohême ? Est-ce que ta participation à notre évènement a changé quelque chose dans l’évolution de ta marque ? Qu’est-ce que ça t’as apporté et qu’est-ce qui en ressort pour toi ?
Sophie : J’ai choisi Hôtel Bohême car j’avais eu de bons retours sur cet évènement par des amies créatrices qui y avaient participé. Et je ne suis pas déçue ! De participer à Hôtel Bohême m’a permis de comprendre qu’il fallait que je travaille plus en terme de collection, avec une unité de style dans ce que je propose pour que les clients identifient plus facilement l’univers de la marque. Ensuite, ça m’a permis de me faire connaître sur Paris, et de décrocher de nouvelles boutiques. De tout ça, je n’en sors que du positif, même si c’est beaucoup de travail en amont et que ce sont des week-end intenses, je suis toujours très contente d’y participer.
As-tu une petite exclu ou des nouveautés à nous annoncer ?
Sophie : Je vais participer à une boutique éphémère qui va s’ouvrir très prochainement dans le très joli passage Pommeray à Nantes.
Quels sont les autres créateurs dont tu apprécies le travail ?
Sophie : Il y en a beaucoup… Mais je suis surtout sensible aux créations sobres voir épurées.
Sophie Morille, pour son travail sur le textile et la teinture végétale,
Céline Flageul, pour ses bijoux un peu brut et en même temps précieux,
Emmy Moa, pour la douceur de son univers,
Et je viens de découvrir la porcelaine, toute simple, de Sophie Masson et le travail, très poétique, sur les bijoux de Carole Péron.
Ce sont celles qui me viennent à l’esprit aujourd’hui, mais il y en a beaucoup d’autre…
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Sophie : L’inspiration me vient beaucoup de la rue. Je vais voir un détail, une forme, une association de couleur qui vont m’interpeller, je les garde dans un coin de mon cerveau et au bout d’un moment, il en sort quelque chose, il faut juste le temps que ça mûrisse… En fait, j’ai toujours un œil qui traine sur vos sacs Mesdames !!!!
Une journée sans travail chez Sohem ça donne quoi ?
Sophie : Il n’y en a pas beaucoup en ce moment ! Du coup, quand il y en a, j’essaie de passer du temps avec ma famille. Ça n’a donc rien de très original, mais ce sont des moments agréables.
Qu’est-ce qui te passionne en dehors de ton travail ?
Sophie : Je n’ai pas de passion dévorante… Quand j’ai du temps, j’aime bien continuer à créer : je cuisine, je tricote, je dessine, je bricole… Un peu touche à tout.
J’aime bien voyager également, et maintenant que nos enfants sont assez grands pour ça, on en profite. Lors de ces voyages, je prends beaucoup de photos.
Quelles sont tes adresses préférées à Nantes ?
Sophie : J’apprécie les bords de l’Erdre. Je n’habite pas très loin, je peux donc y aller facilement. C’est un endroit calme et reposant. Sinon, pour le côté « ça sort de l’ordinaire », je conseille à tout le monde d’aller rendre visite à l’éléphant !
Ton mot de la fin ou quelque chose que tu aimerais nous dire pour conclure ?
Sophie : Que je suis heureuse de pouvoir m’épanouir dans le monde de la création, et qu’Hôtel Bohême a sa part dans cet accomplissement !
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INTERVIEW : Mélanie Brument