PORTRAIT – MINICYN
Bonjour à tous,
Choses promises, choses dues ! Nous vous dévoilons aujourd’hui ce que nous vous préparions pour cette nouvelle rubrique “Journal”. Il s’agit d’interview de créateurs que nous vous présenterons au fil des prochains mois. Ils seront dans le même esprit que les précédents portraits de nos scénographes et de nos traiteurs, mais cette fois avec une interview personnalisée et des photos de leur atelier. Une vraie proximité puisque, dans la mesure du possible, nous nous déplacerons chez eux pour mieux les comprendre, rendre compte de leur quotidien et capter l’ambiance singulière de leurs lieux de vie et de travail. Ainsi vous pourrez mieux mesurer ce que c’est que d’être créateur aujourd’hui. Comment chacun travaille suivant sa spécialité, quel est leur univers, quels sont leurs moments d’évasion, leur parcours, etc.
Nous inaugurons ces portraits avec celui de MINICYN, créatrice de bijoux participant depuis de nombreuses années à notre événement.
Par une matinée de juillet nous nous sommes rendues à Versailles où Cynthia, créatrice de la marque, a désormais élu domicile. À notre arrivée, nous découvrons son petit atelier (petit n’est pas péjoratif ici, il s’avère que pour travailler ses bijoux, Cynthia, n’a pas besoin de beaucoup d’espace). Situé dans une chambre de bonne attenante à l’appartement dans lequel la créatrice vit depuis quelques semaines à peine. Sous les combles, cet endroit est suffisamment désuet pour devenir très charmant.
Rencontre et discussion avec Cynthia, créatrice de bijoux d’origine malaisienne, arrivée à Paris il y a tout juste 6 ans, après un passage par la Nouvelle-Zélande et l’Australie.
Cynthia Bonjour, et merci de nous accueillir (en avant-première mondiale ! ;)) dans ce qui semble être ton nouvel atelier et une nouvelle vie. Tu nous racontes un peu pourquoi et comment tu as démarré ta marque, il y a 8 ans ?
Minicyn : J’ai commencé à réaliser des bijoux le soir pour compenser la frustration liée au travail devant l’ordinateur toute la journée en tant que graphiste / illustratrice en Australie, 6 mois avant que cela ne devienne une activité à plein temps au milieu de l’année 2009.
Pourquoi avoir choisi un métier créatif ?
Minicyn : Je travaillais en tant que Directrice Artistique avant de reprendre ma carrière en tant que joaillier. En fait, j’ai même obtenu mon diplôme de joaillier avant celui de Graphisme / Illustration – lequel est devenu ensuite ma profession pendant 15 ans.
Après toutes ces années, le travail créatif manuel me manquait véritablement.
Et si tu n’avais pas fait ce métier là, qu’aurais-tu fait ?
Minicyn : Mon autre passion est la danse. J’avais en effet postulé pour un diplôme de danse contemporaine après mes 2 premiers diplômes mais j’ai finalement décidé qu’il fallait grandir et qu’il était temps de commencer à travailler.
Comment as-tu trouvé ton nom de marque ?
Minicyn : Ce n’était pas compliqué … Le nom m’est venu en 15 minutes en combinant simplement 2 mots : “mini” parce que les gens me disent que je suis si petite et j’aime le son de ce mot. Et “Cyn” qui est l’abréviation de Cynthia que certains amis emploient pour m’appeler. Et en anglais minicyn évoque un ‘péché mignon’ (“Small Sin”).
Dans ton travail on sent une finesse, le goût pour l’épure et la maîtrise du travail bien fait… D’après toi, d’où cela vient-il ?
Minicyn : Je suppose que mon style est une réflexion de mon univers, de ce que je suis et de ce que j’apprécie, de ce dont je prends soin et ce que j’aime. Je suppose que mon goût pour les choses bien exécutées vient du fait que je suis une fanatique du détail et en quelque sorte une perfectionniste. J’aime que les choses puissent durer une vie entière et cela m’encourage à m’assurer que mes créations soient bien réalisées et puissent être transmises à la génération suivante.
Tu nous expliques comment tu travailles d’un point de vue plus technique ?
Minicyn : La plupart de mes techniques sont traditionnelles mais je leur apporte une touche personnelle ! Par exemple je n’ai pas adopté la découpe laser, peut-être le ferai-je un jour pour une collection spécifique mais je ne souhaite pas que ce soit une méthode de travail habituelle. Les techniques ou outils traditionnels n’entraînent pas nécessairement une finition traditionnelle, donc je suis heureuse d’utiliser et re-découvrir ces vieilles techniques.
Le plus souvent je ne réalise pas de croquis à moins que je ne travaille en sur-mesure pour un client. La création joaillière est une expérience d’ordre tactile que je conceptualise d’abord dans ma tête puis vient la technique qui se révèle appropriée pour réaliser cette forme en 3 dimensions ou pour parvenir au traitement espéré de la surface. Parfois, un instrument spécifique peut m’inspirer et entraîner la création d’une petite collection, ou un concept, un type de pierre précieuse, la taille d’une pierre, etc. Plus ou moins, ma technique de base implique toujours la manipulation de métaux (argent ou or) en les sciant, pliant, perçant, soudant, ou encore en les façonnant au marteau par exemple.
Je regarde les pièces de joaillerie comme de petites sculptures avec lesquelles nous pouvons nous décorer : que nos doigts puissent s’y adapter harmonieusement, ou que nos bras et cous puissent être enlacés par la pièce.
C’est quoi ton quotidien de créatrice ? une journée type ?
Minicyn : La joaillerie est mon premier amour… donc ce n’est pas vraiment du “travail” pour moi mais j’aime m’imposer une discipline et adopter un certain rythme de travail au quotidien. L’heure à laquelle je commence varie car j’aime commencer ma journée en douceur avec un café ou un verre de limonade faite maison. Il y a des jours où je pourrais rester à mon établi pendant 5-6 heures ou plus, et d’autres où je vais à la rencontre de mes fournisseurs et clients, tout en marchant à travers Paris pour étirer mes jambes et détendre mes yeux.
Quelle est la partie qui te plaît le moins dans ton travail, ou dans laquelle tu es la moins à l’aise ?
Minicyn : La partie que j’aime le moins c’est la vente, mais au fil du temps j’ai quand même appris à l’apprécier … Je n’adore pas cela pour autant.
Aujourd’hui il y a autre chose que nous inaugurons, c’est ce nouvel endroit que tu as choisi pour vivre et travailler : Adieu Belleville, Bonjour Versailles, un sacré changement ! Tu nous en parles ?
Minicyn : En réalité, j’ai eu 2 autres ateliers avant Belleville, l’un à Montreuil et l’autre à Aubervilliers ! Aujourd’hui Versailles me plaît car elle correspond à mon étape de vie. C’est vert et moins pollué, je sens que je peux respirer profondément et étirer mes bras sans frapper qui que ce soit ! Pouvoir observer l’horizon est vraiment appréciable. De toute façon, je viens à Paris 2-3 fois par semaine donc ce n’est pas si loin.
Comme ça fait maintenant 8 ans que tu as créé ta marque, est-ce qu’il y a un petit conseil que tu pourrais donner aux créateurs qui démarrent ?
Minicyn : Soyez vous-même, soyez réel et amusez-vous. Mais il est très important d’être discipliné, sérieux et constant si vous souhaitez survivre.
Et la suite pour Minicyn, comment la vois-tu ?
Minicyn : J’aimerais à terme ouvrir une boutique/atelier qui serait ouverte 2/3 jours par semaine, tout en accueillant de petits événements contemporains (pas forcément liés à la joaillerie) et de petits ateliers créatifs si possible. Parvenir à impliquer la communauté serait génial.
Cela fait maintenant 6 ans que tu viens au moins une fois par an exposer ton travail à Hôtel Bohême. Il va sans dire que tu fais partie des valeurs sûres de notre événement ! Tu as donc pu mesurer les évolutions et les changements du projet. Comment ressens-tu les choses de ton point de vue de créatrice ?
Minicyn : De mémoire j’avais commencé à collaborer avec Hôtel Bohême vers la fin 2009 ou 2010 et, depuis, au moins 2 fois par an. J’apprécie vraiment de voir les gens revenir pour l’événement lui-même et son atmosphère, pour découvrir mes dernières créations et parfois pour me montrer qu’elles portent toujours ce qu’elles ont acheté lors de l’édition précédente. C’est l’un des aspects les plus satisfaisant du métier d’artisan et commerçant.
Hôtel Bohême est définitivement en train de prendre une nouvelle orientation due à l’évolution de la mode, à la perception des clients, relative au soutien nécessaire des petites entreprises et enfin, mais ce n’est pas le moins important, à la sélection dynamique et à l’attention vigoureuse apportées par les organisatrices ! Je trouve vraiment positif que des créateurs de pays étrangers soient également invités, c’est une forme d’échange culturel mutuel.
Ton fonctionnement pour ne pas perdre l’inspiration ? Par exemple sur ton profil Instagram on voit souvent des photos de tes balades dans Paris, dans ton quartier, de tes voyages… Ce sont tes sources d’inspiration ?
Minicyn : Je suis un drôle d’animal, j’aime marcher et regarder comment les personnes de tous milieux vivent, et ne pas prendre les choses simples pour acquises. Vivre à Paris c’est comme marcher sur la scène d’un théâtre il y a 100 ans ! Même les rues pavées me semblent fascinantes … bien qu’elles soient éprouvantes pour mes petits pieds.
Quand tu ne travailles pas, où peut-on te trouver ?
Minicyn : Au cinéma, en train de fureter dans les brocantes à la recherche de choses que j’aime. Marcher dans les lieux connus et inconnus de Paris, déguster des cafés dans les vieilles brasseries parisiennes, déjeuner avec mes amis, visiter les musées, etc.
Tes petits plaisirs ?
Minicyn : Pratiquer mon yoga, cuisiner, manger, observer et marcher ! Mais pas tout cela en même temps bien sûr.
Et enfin, pour finir, nous avons pu comprendre que tu aimais aussi beaucoup la musique. Tes trois titres, artistes…du moment ?
Minicyn : J’ai un goût musical assez éclectique. Quand je travaille je me branche sur FIP (la radio) en général. A l’instant je ne peux pas penser à trois artistes en particulier car il y en a beaucoup trop qui me viennent à l’esprit !
Pour suivre Minicyn :
Son site
Instagram
Prochaine participation à Hôtel Bohême : 12/13 décembre 2015
PHOTOS : Juliette Beaupin
TEXTE : Mélanie Brument
Rendez-vous le 29 août pour le prochain portrait de créateur.