PORTRAIT – MÉLANIE CLÉNET
Aujourd’hui nous vous présentons le travail de Mélanie Clénet. Peut-être avez-vous découvert ses créations en avant-première chez nous, lorsqu’elle est venue en mars 2017 faire sa toute première expo parisienne à Hôtel Bohême ? Peut-être que, comme nous, vous avez été immédiatement séduits par la délicatesse de son travail autour de la corde de coton, très proche de la vannerie ? Si c’est le cas nous vous proposons, par ce portrait, d’en savoir un peu plus sur le travail de Mélanie : sa technique, son univers, son quotidien de créatrice, ses allers et retours entre son travail de costumière et celui de designer textile…
Pour ce faire, nous vous emmenons à Nantes où Mélanie la discrète a répondu à nos questions qu’elle a illustrées de ses photos, depuis l’atelier 67 où elle travaille.
Mélanie, bonjour et merci de nous accueillir dans ton atelier. Alors, comme nous ne sommes pas physiquement présentes, peux-tu nous décrire le cadre que tu as choisi pour nous répondre, histoire que nous nous mettions dans l’ambiance s’il-te-plaît ?
Mélanie Clénet : Nous sommes donc à l’atelier. Ici, il y a une trentaine d’indépendants qui exercent leurs activités artisanales et/ou artistiques dans des domaines très différents et passionnants. Il s’y dégage une belle effervescence. Au fond du couloir à l’étage, se trouve mon espace de travail qui donne sur les jardins alentours. C’est calme, lumineux et ressourçant.
Bien, maintenant peux-tu nous raconter quel a été ton parcours jusqu’à la création de ta « marque » ?
Mélanie : Je ne parlerais pas de « marque » à mon sujet. Mélanie Clénet Atelier c’est pour moi un travail en mouvement qui navigue entre design d’objets, travail plus artistique et simples recherches. Quant à mon parcours, cela fait une quinzaine d’années que je travaille pour le spectacle vivant. Chaque création de costume me permet de collecter, d’expérimenter des matières, des couleurs ou des formes. C’est une partie de mon travail que j’aime beaucoup.
Lors de recherches pour un projet de costumes de cirque contemporain, j’ai développé en rapport avec le décor, une matière textile à partir de cordes. C’est le point de départ de l’univers que j’ai ensuite construit autour de mes pièces en corde.
Ah oui ? Mais le cheminement a dû être long pour mettre au point ensuite ta propre technique proche de la vannerie, qui s’apparente même parfois à certains gestes des céramistes ?
Mélanie : En effet, c’est une technique qui a évolué lentement à l’atelier. À force de faire, d’affiner le geste et les formes, les couleurs à travers d’autres projets (avec Des Petits Hauts par exemple). Cela m’a permis d’aller un peu plus loin dans la proposition de pièces plus artistiques et malgré tout très quotidiennes. J’aime la simplicité et les jeux d’assemblages, des formes et couleurs entre elles.
Alors évidemment, cela prend des directions moins conventionnelles autour de l’objet et de son utilité mais c’est ce que je trouve intéressant au fond.
Peux-tu nous expliquer les différentes étapes depuis l’idée jusqu’à la commercialisation de l’une de tes pièces stp ?
Mélanie : L’idée parfois c’est juste une forme, une image. Je teste alors comment je peux techniquement la mettre en forme, je teste la couleur ou les assemblages colorés.
Puis je réalise un prototype qui me permet de me rendre compte à échelle réelle.
Souvent je le mets en situation à l’atelier pour voir comment je m’y habitue.
Il y a une part du travail qui est plus de l’ordre de la production ensuite, comme évaluer le temps de réalisation, la quantité de matière nécessaire, etc. Je ne peux pas vous en dire beaucoup sur la réalisation de mes pièces. C’est un savoir-faire que je ne souhaite pas dévoiler. Il faut garder un peu de mystère à tout ça.
D’accord Mélanie, gardons un peu de mystère. Maintenant je te propose un petit jeu : Imaginons que je suis une personne potentiellement très intéressée par ton travail mais que je me demande ce que je vais bien pouvoir mettre dans ces jolis contenants qui m’ont l’air aussi relativement fragiles et sujets aux taches. Qu’aurais-tu à me dire pour me rassurer, ou m’expliquer que non Madame, vous n‘avez rien compris, ça ne sert pas à contenir quelque chose !
Mélanie : La délicatesse n’est pas une fragilité au contraire, il faut la prendre comme elle est.
Ah ! Bien dit ! 😉
Sinon, as-tu une exclusivité ou des nouveautés à nous annoncer ?
Mélanie : Des projets sont en cours, dont une exposition à la rentrée dans un showroom, à Nantes. Et bien évidemment, je vous retrouve avec plaisir sur Paris pour la vente d’Hôtel Bohême de Décembre !
Comment envisages-tu l’évolution de ta marque dans les années à venir ?
Mélanie : Je prospecte actuellement en direction de l’architecture intérieure et du design. Les envies et les idées sont là en tous cas pour développer les pièces que j’ai mises au point.
Comme nous le disions en introduction, tu as fait ta première expo parisienne chez nous en mars 2017. Qu’est-ce qui en ressort pour toi ?
Mélanie : Hôtel Bohême a été une belle opportunité de pouvoir montrer l’ensemble de mes réalisations, murales, lumineuses et contenants. J’ai pu mettre en scène les objets dans un superbe espace. Et les retours ont été très chaleureux, donc très motivant pour la suite.
Comment organises-tu ton temps pour mener de front tes deux activités de costumière dans le spectacle vivant et celui de designer textile ?
Mélanie : Ce sont deux activités qui se complètent et se nourrissent. Elles ne fonctionnent néanmoins pas de la même manière. Sur un projet de spectacle, je réponds d’abord à un cahier des charges écrit par la compagnie en apportant des idées. Ce cahier des charges évolue ensuite en fonction des répétitions, de la construction du décor, de la lumière et du son. Lorsque je travaille sur les objets en corde, l’espace de liberté est plus grand. En tous les cas, le travail photographique que nous avons mené avec Adeline Praud (à retrouver sur le site, avec la participation de Virginie Clénet, Kris et Izou) m’a permis de tendre une passerelle entre mon métier de costumière et mes objets, et de questionner la relation objet, corps et espace.
Crédit : Adeline Praud collectif Bellavieza
Crédit : Adeline Praud collectif Bellavieza
C’est une direction que j’aimerais davantage prendre à l’avenir dans les projets.
Selon toi, qu’y a-t-il de plaisant dans le fait d’avoir plusieurs activités ? Et les inconvénients ?
Mélanie : Cela offre un champ créatif important et agréable. C’est complet et complémentaire. Ces deux activités sont aussi parfois très éloignées et il faut composer.
Quels sont tes petits plaisirs ?
Mélanie : Partir prendre du temps au bord de la mer ou à la campagne, avec les amis, ma famille.
Plage de Noirmoutier
Quels sont tes endroits préférés à Nantes ?
Mélanie : Tout près de chez moi, il y a de charmants jardins ouvriers « les Jardins de la Fournillère » cachés parmi les habitations du quartier. C’est un endroit très agréable pour se poser, bouquiner, prendre l’apéro avec des amis ou se balader. J’adore cet endroit !
La ville de Nantes bouge beaucoup et il y a toujours des coins à découvrir. En ce moment, nous allons vers l’été et c’est la saison des braderies, des guinguettes des moments entre amis sur les terrasses excentrées du centre-ville.
Ton mot de la fin ?
Mélanie : Merci !!!
Pour suivre Mélanie Clénet :
Interview : Mélanie Brument
Photos : Adeline Praud collectif Bellavieza, Flore Larrazet et Mélanie Clénet